mardi 15 mars 2011

Faut-il critiquer la démocratie?

Introduction
Il est de bon ton aujourd'hui, dans notre société, de tenir pour acquis que la démocratie est sinon le meilleur, du moins, le moins pire des régimes politiques qu'aient pu inventer les hommes. Pourtant, je pouvais commencer à problématiser la question de deux façons. D'abord, en constatant cet étonnant paradoxe, que la philosophie politique telle que Platon l'a fondé au IVème siècle avant J-C repose sur les bases d'une critique radicale de la démocratie qui la rejette comme étant l'une des pires formes de régime politique qu'on puisse concevoir! Ensuite, en mettant en question le caractère démocratique de notre propre société; si on faisait revenir un athénien du Vème siècle avant J-C dans notre société et qu'on lui présentait cela comme une démocratie nul doute qu'il nous regarderait avec des yeux interloqués! Sommes-nous donc si sûrs de savoir, au juste, ce qu'est une démocratie? Est-il bien exact de dire que nous vivons aujourd'hui dans une démocratie? N'est-ce pas ici aussi le lieu de faire une critique de la duplicité de nos sociétés occidentales qui se disent démocratiques alors, qu'en réalité, elles ressemblent bien d'avantage à des oligarchies (pouvoir détenu par une minorité de riches, les oligoï)?


1) La possibilité d'une critique de la démocratie est inscrite dans la démocratie elle-même
La démocratie implique la possibilité d'une critique de la démocratie. Voilà comment je pouvais justifier mon idée.
La création de la démocratie est, en même temps, la création d'un nouveau type anthropologique, celui d'un  individu qui:
a)a reconnu l'origine purement humaine des institutions de la société= le caractère conventionnel du nomos (vs la phusys, la nature)
b) qui, à partir de là, est capable de mettre en question les institutions/normes/valeurs/significations de la société dans laquelle il vit.
c) une société démocratique est donc une société qui est capable de se mettre en question, ce qui veut dire, éventuellement, qui est capable de mettre en débat la question de savoir si la démocratie est ou non une bonne chose.
Mais lorsqu'on parle d'une critique de la démocratie, il est impératif de préciser en quel sens on entend cette critique. La distinction élémentaire qu'il fallait faire pour s'y retrouver dans cette question est celle entre deux formes complètement différentes de critique.
Il y a ce qu'on appellera une critique externe de la démocratie: c'est la critique inspirée de la philosophie politique de Platon. Ici ce qui fait l'objet de la critique c'est l'idéal démocratique lui-même qui sera dénoncé comme celui d'une société injuste. Mais, il existe aussi une critique interne de la démocratie dont le sens est complètement différent: ici, on adhère positivement à l'idéal de la démocratie et c'est au nom de cet idéal démocratique qu'on développera une critique des démocraties existantes pour dénoncer le fait qu'elles ne sont pas si démocratiques qu'elles prétendent l'être .
C'est sur la distinction conceptuelle entre ces deux types de critique que je vais pouvoir ordonner toute la suite de la dissertation.

2)Critique externe de la démocratie
a) La démocratie=régime injuste
Ici, il fallait reprendre les bases de la philosophie politique héritée de Platon. Pourquoi, pour Platon, la démocratie est critiquable et constitue le plus injuste des régimes politiques à l'exclusion de la tyrannie?
Réponse: car elle constitue un renversement complet de la hiérarchie naturelle aussi bien sur le plan individuel que sur le plan collectif de l'organisation sociale.
Le principe platonicien au nom duquel la démocratie est condamné est simple à exposer: seul est apte à gouverner les autres celui qui est capable de se gouverner soi-même; être capable de se gouverner soi-même, c'est la définition de l'homme sage chez qui la hiérarchie naturelle des facultés de l'âme est réalisée: la raison (le noûs) gouverne les appétits/pulsions/désirs (l'épithumia) grâce à la force de la volonté (le thumos). Lui seul sera capable de gouverner dans l'intérêt de tous et non pas d'abord en fonction de ses intérêts particuliers ou ceux de la clique à laquelle il appartient.
Or, la démocratie consiste à donner le pouvoir non pas  à la petite minorité des sages mais à la grande masse du peuple qui est caractérisée par l'ignorance et l'incapacité à dominer ses appétits, c'est-à-dire, par le renversement complet de la hiérarchie naturelle des facultés de l'âme humaine. Quand ce sont le désirs qui gouvernent et que la raison n'est plus qu'un instrument au service de leur réalisation, c'est là que naissent les injustices. Ce qui poussent les hommes à commettre des injustices (vol, meurtre, mensonges, viols etc.) c'est le fait que chez eux les désirs ont pris le gouvernement de l'âme en lieu et place de la raison et qu'ils sont incapables de les dominer.
Dans le cadre de ce régime démocratique qui donne le pouvoir aux pauvres gouvernés par leurs appétits irrationnels et illimités, la petite minorité des sages devra subir la tyrannie du grand nombre: la condamnation à mort de Socrate par le Tribunal démocratique d'Athènes en 399 avant J-C constitue, aux yeux de Platon l'illustration de l'injustice d'une telle société.
Allons même plus loin: pour Platon, la démocratie a tous les aspects d'une folie. Pour n'importe quelle sphère d'activités nous choisirons toujours les hommes les plus compétents pour les prendre en charge; par exemple, si je veux traverser les océans en bateau, je prendrai grand soin de confier le gouvernail au capitaine le plus compétent possible, idem quand je veux m'adresser à un  maçon pour faire ma maison, etc. Or, le seul domaine dans lequel nous n'appliquons plus cette règle élémentaire de sagesse et où nous confions la direction des affaires au tout venant, est aussi le domaine le plus important de tous car il concerne l'administration de la société toute entière: c'est le pouvoir politique. Une cité aux mains d'ignorants et d'êtres dominés par leurs désirs est tout comme un bateau aux mains d'un homme qui n'aurait jamais navigué: son destin ne peut être que d'aller à la ruine. Voir la façon dont Platon montre l'évolution naturelle qui tend à faire dégénérer la démocratie en une tyrannie: l'excès de liberté conduit à l'excès contraire, celui de la servitude qu'instaurera le tyran pour rétablir l'ordre.

b)Héritage des thèmes platoniciens dans les sociétés modernes
Ces thèmes platoniciens antidémocratiques ont trouvé un large écho dans l'histoire philosophique et politique ultérieure. On peut même aller jusqu'à dire que les sociétés occidentales modernes, en dépit du fait qu'elles se qualifient de "démocratiques", ont très largement façonné leurs institutions dans cet esprit antidémocratique. Les élites dirigeantes actuelles pensent également que la grande masse du peuple est trop peu éclairée et beaucoup trop irrationnelle pour être capable de jouer un rôle actif dans les processus de prises de décisions qui sont élaborés au niveau de l'Etat. Voir à ce propos ce que disait Bernays, pour débuter son texte, Propaganda:"Notre démocratie ayant pour vocation de tracer la voie, elle doit être pilotée par la minorité intelligente qui sait enrégimenter les masses pour mieux les guider."  qui recoupe  la distinction que faisait Voltaire entre instruire/guider le peuple: le peuple a besoin d'être guidé non pas d'être instruit. 
Ce qu'il faut bien intégrer ici, pour dissiper un malentendu largement répandu, c'est que, pendant très longtemps, la philosophie politique s'est constituée pour l'essentiel sur l'idée platonicienne que la démocratie n'est pas un bon régime politique. Ce qui pour nous a fini par aller de soi, que la démocratie est chose désirable, ne l'a pas toujours été; et nos institutions politiques actuelles se sont constituées, à la fin du XVIIIème siècle, sur la base de convictions antidémocratiques forgée de longue date, depuis l'antiquité. C'est justement dans cette conversion générale des esprits à la valeur de la démocratie qu'on peut déceler son progrès effectif dans l'histoire du monde, d'avantage que dans la réalité effective des institutions politiques. Mais, pour faire un pas de plus, ne faut-il pas alors dénoncer la duplicité des sociétés occidentales actuelles? (duplicité=fait de jouer un double jeu= d'un côté, on dit quelque chose et de l'autre on fait le contraire; ici, d'un côté on n'a que le mot de démocratie à la bouche, de l'autre côté, on fait tout pour cantonner le peuple à un rôle essentiellement passif et oeuvrer à l'édification d'un système oligarchique). Si contrairement à Platon, nous nous revendiquons de l'héritage de la démocratie, n'avons-nous pas d'abord besoin d'une critique qui dénonce cette duplicité pour faire avancer la cause de la démocratie elle-même?

3)Critique interne de la démocratie
Ici, il ne s'agit donc plus de critiquer l'idéal démocratique lui-même mais  un ordre institué qui se prétend démocratique alors qu'il ne l'est pas véritablement.
a)Critique des thèses platoniciennes
Ceci suppose donc que nous ayons, au préalable, adhérer à l'idéal de justice que constitue la démocratie; or, pour cela, il me fallait d'abord remettre en question les thèses platoniciennes.
La fin du mythe de Protagoras pouvait ici vous servir pour disposer des armes critiques pour dépasser Platon: Protagoras=penseur de la démocratie. Pour celui-ci, Platon opère une confusion entre ce qui relève de la technique et de la politique. L'art politique et ses vertus éthiques qui lui sont indissociablement liées (sens de la justice et  de la vergogne dans le mythe) ne sont pas, au contraire des techniques, une affaire de spécialistes ou d'experts. S'il suffit que quelques uns seulement  soient spécialisés en agriculture pour nourrir l'ensemble de la société, il ne suffit plus que quelques uns seulement prennent part à la justice et la vergogne pour qu'une cité, au sens d'un vivre-ensemble, puisse se constituer. Concrètement, construire un porte-avion nucléaire est une affaire de spécialistes; savoir s'il est juste ou non de le faire est (ou devrait être) l'affaire politique de tous; décider si la loi sur la réforme des retraites est juste ou injuste est encore l'affaire de tous.
Évidemment, cette égalité politique entre tous les citoyens qui est au fondement de l'idéal démocratique supposerait pour se réaliser concrètement que notre société dispose d'institutions qui favorisent l'éducation politique de tous les individus. L'opinion d'un individu qui s'est nourrie et formée dans un débat démocratique au sujet de la réforme des retraites n'aura certainement pas la même valeur que l'opinion de celui qui n'a, pour toute source d'information, que les journal télévisé de 20h d'une grande chaîne commerciale! Or, il est facile de voir qu'il n'existe pas dans notre société de telles institutions et que l'école, sous sa forme actuelle, est d'abord là pour former des travailleurs et non pas des citoyens avec un sens aiguisé des questions politiques. Ce qui me conduit à dénoncer le caractère oligarchique des sociétés occidentales qui se prétendent démocratiques.

b) le caractère oligarchique des régimes occidentaux
Ici il s'agissait de montrer précisément ce qu'il y a d'anti-démocratiques dans les institutions de notre société
-La transformation de la politique en un métier qui en fait une affaire de spécialistes, les membres de la classe politique; illustration: le rejet unanime de la candidature de Coluche aux élections présidentielles par la classe politique, droite/gauche confondues.
La distinction élémentaire à,poser et développer ici est celle entre une démocratie directe et une démocratie représentative.Dans la démocratie directe telle que les grecs l'ont inventé le peuple exerce directement son pouvoir en participant à l'élaboration/discussion/vote des lois dans l'ekklesia et en tirant au sort dans son sein ceux qui occuperont, à tour de rôle, les fonctions publiques. Plus rien de tel dans les démocraties représentatives modernes: ici le peuple abandonne son pouvoir aux mains de représentants, les politiciens professionnels, qui exercent un monopole sur le pouvoir. La notion de "démocratie représentative" est un fantastique oxymore (=alliance de deux termes qui se contredisent comme "neige chaude"). A partir du moment où le peuple remet son pouvoir à des représentants, la politique a cessé d'être l'affaire de tous pour devenir l'affaire exclusive de ces représentants et nous ne sommes plus, si les mots ont un sens (démocratie=pouvoir exercé par le peuple), dans une démocratie.
-le vote en question: le seul lieu institutionnel où l'individu peut exprimer sa citoyenneté c'est l'isoloir où il dépose un bulletin de vote; or, l'isoloir est le contraire d'un lieu politique. Un lieu politique est un lieu où l'on débat et agit collectivement, soit le contraire d'un lieu où l'on s'isole. Il n'y a que dans de tels lieux que des opinions politiques peuvent se former par les contributions de chacun au débat. C'était l'occasion ici de mettre en question l'opinion commune qui présente le vote pour des candidats comme le fondement même de la démocratie. La procédure du vote était considérée, par les inventeurs de la démocratie, dans l'antiquité grecque, et ce jusqu'au XVIIIème siècle (voir Rousseau ou Montesquieu, par exemple) comme une procédure de type aristocratique qu'ils n'appliquaient que pour choisir les hommes qui allaient occuper les fonctions de commandement militaire, domaine où il faut une expertise particulière. Mais pour toutes les autres fonctions politiques importantes, le tirage au sort était la règle car elle seule constitue une procédure qui respecte le principe d'une égale capacité entre tous pour traiter les affaires politiques; le tirage au sort et non le vote est donc une procédure conforme au principe d'égalité politique au fondement de l'idéal démocratique.

c)Gouvernement représentatif et démocratie
Aller à la racine du problème que pose les institutions politiques de nos sociétés quant à leur légitimité démocratique suppose de remonter à leurs origines, dans les trois grandes révolutions modernes, l'anglaise, l'américaine et la française. Il apparaîtra alors qu'elles ont été conçues explicitement dans le cadre d'un projet alternatif à  la démocratie qui est celui du gouvernement représentatif. (cf. 2c Kant, de l'impossibilité d'instituer une justice publique pour en saisir l'esprit)
L'abîme qui sépare la démocratie du gouvernement représentatif se voit de la façon la plus nette en examinant dans les deux cas le rôle qu'y joue l'exécutif. Dans un gouvernement représentatif, il s'agit, en réalité, de tout sauf un exécutif mais de l'instance qui aspire l'essentiel du pouvoir de décision. Cela se comprend par le fait qu'un des principes de base du gouvernement représentatif est de garantir une relative indépendance des gouvernants à l'égard des gouvernés, en particulier, par l'absence de mandat impératif (les programmes sur la base desquels les représentants se font élire ne sont  pas élaborés par le peuple lui-même, n'ont aucun caractère impératif et laisse dans l'indécision toute une foule de choses que le gouvernement tranchera en toute indépendance) et la révocabilité permanente.
Rivarol, un penseur contre-révolutionnaire et royaliste du XVIIIème siècle, résumait très bien ce qu'il en est du fonctionnement du gouvernement représentatif affublé du vocable fallacieux de démocratie:"En démocratie il y a deux vérités qu'il ne faut jamais séparer: que la souveraineté réside dans le peuple; qu'il ne doit jamais l'exercer." Une démocratie se reconnaît au fait, qu'au contraire, l'exécutif est un véritable exécutif, ce qui fait des postes de gouvernement non des avantages qui engagent une lutte sans merci entre politiciens pour y accéder  mais d'abord des charges. Cela Rousseau le savait parfaitement (comme le disait S. Weil, en invoquant cette figure tutélaire pour justifier le caractère démocratique de nos institutions politiques, tout se passe comme si on le l'avait jamais lu).

4) Objections à la possibilité d'une démocratisation des sociétés modernes
Il était possible de faire encore un pas de plus dans l'approfondissement du sujet.
Si les sociétés modernes sont bien plus proches du type de l'oligarchie que de celui de la démocratie, on pouvait éventuellement chercher à le justifier en montrant que les conditions de vie moderne ne seraient pas adaptées à la réalisation d'une véritable démocratie. Deux arguments sont habituellement avancés pour juger l'établissement d'une démocratie directe chimérique dans les conditions de vie actuelles:
a)Le gigantisme des Etats-nations modernes: l'établissement de la démocratie directe qui était possible à l'échelle restreinte d'une cité antique comme Athènes (40 000 citoyens) ne le serait plus à l'échelle d'Etats nations qui comptent leur population par millions eparpillés sur un vaste territoire.
b) La centralité du travail dans le mode d'existence actuel; le chef d'atelier de chez Carglass qui fait du 06/21 heures n'a certainement pas le loisir, de surcroît, d'investir de son temps pour débattre de sujets politiques complexes! Les grecs le savaient: s'ils avaient des esclaves, c'était justement pour éliminer le travail des conditions de leur existence et avoir le loisir de se rendre à l'ekklesia!

Ces deux arguments peuvent être contestés.
a) L'exemple historique de la Révolution hongroise de 1956, montre très concrètement comment un peuple comme celui de Hongrie est parvenu en l'espace de quelques jours  à instituer un principe de démocratie directe sur l'ensemble de son territoire. (Cf le principe du fédéralisme, tel qu'il a été mis en pratique dans ce cas)
b) Pour la question de la centralité du travail, je suppose acquis le fait que le travail n'acquiert une centralité dans l'existence humaine qu'avec l'avènement du mode de production capitaliste (A-M-A+ dans lequel M=le travail) et que cette centralité n'est donc pas une fatalité aveugle que nous impose la nature ou je ne sais quoi d'autre. Il y a de ce point de vue, une contradiction gigantesque entre le capitalisme d'un côté, la démocratie de l'autre. Vouloir une société authentiquement démocratique suppose nécessairement de vouloir une autre société qu'une société de travailleurs, ce qui revient, si on est conséquent avec soi-même, à vouloir le dépassement du capitalisme. Or cela est possible, du fait que le mode de production capitaliste tend lui-même à supprimer le travail par l'automatisation toujours plus développée de la production des biens et services.
c) On apprend à nager en nageant; on apprend à faire les lois en faisant les lois, on apprend à être libre en étant placé dans les conditions de la liberté. Le manque de maturité du peuple pour lui refuser d'exercer la souveraineté est un argument fallacieux, car, à ce compte, on peut reculer à l'infini le temps où il n'en souffrira plus.

Conclusion
a) La démocratie est inséparable de la naissance et du développement de la rationalité critique. En ce sens, une société démocratique doit être capable de rendre pensable et discutable la question de savoir s'il faut ou non la démocratie.
b)Mais, critiquer la démocratie peut vouloir dire deux choses totalement différentes. Une critique externe hérité de la fondation de la philosophie politique par Platon qui récuse la démocratie au nom d'un idéal aristocratique de société. Une critique interne qui vise à faire avancer la cause de la démocratie en dénonçant la duplicité des démocraties modernes qui se présentent comme démocratiques alors qu'elles sont, en réalité, plus proches de l'oligarchie.
c)Que la question finale que nous nous sommes posés est de savoir si une authentique démocratie peut exister dans les conditions de vie moderne. Que cela exigerait une révolution au sens d'un dépassement du mode de production capitaliste.

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