Dernière mise à jour, 22-03-2018
Notions du programme en jeu: la politique, l'Etat et la société, la liberté, la perception, l'histoire, la technique, la morale
a) L'échec du totalitarisme
Ce projet démentiel d’un contrôle total de l'Etat sur la société était, à l’époque des faits qui nous occupent, en 1956, beaucoup plus avancé en Russie que dans les « pays satellites » comme la Hongrie. Raison pour laquelle ce qui a pu se produire en Hongrie n'était même plus concevable en Russie. Il faut ici reprendre la distinction que fait Arendt entre contrainte par la terreur et contrainte par l'idéologie. En Russie, la domination était devenue totale car elle ne s'exerçait plus seulement par la terreur, sur les corps, mais aussi par l'idéologie, sur les esprits, ce qui veut dire, si on on reprend les termes de l'expérience de Asch, que les individus en étaient venus à croire d'avantage les autorités que ce que pouvaient leur montrer leur propre expérience de la réalité. Quand ne s'exerce qu'une contrainte par la terreur, comme c'était encore le cas pour les Hongrois, on ne contrôle pas la perception des individus pour façonner à sa guise leur représentation du monde. De cette façon, ils n'ont pas encore suffisamment intériorisés la domination, au point où ils n'arriveraient même plus à la ressentir comme telle.